Structure d'un immeuble Haussmannien
Construits entre 1850 et 1920, les immeubles Haussmanniens sont constitués de blocs de pierre venant des carrières parisiennes ou de carrières situés parfois à plusieurs centaines de kilomètres de Paris. Certaines carrières, situées sous certains immeubles parisiens, sont d'ailleurs aujourd'hui à l'origine d'affaissements d'immeubles. Ces pierres taillées (d'où leur nom « Pierre de Taille ») constituaient les façades côté rue (La Pierre de Taille était imposée par les pouvoirs publics sur les nouveaux boulevards). Côté cour, le plus souvent par souci d'économies, les murs étaient constitués de briques et de chaux.
Le balcon filant (balcon qui s'étend sur toute la longueur de l'immeuble) au 2ème et 5ème étage, était la deuxième pierre angulaire de l'immeuble Haussmannien. L'étage noble, situé au 2ème étage offrait de grandes hauteurs sous plafond. En revanche, cette hauteur sous plafond allait décroissante en montant dans les étages réservés aux classes sociales inférieures jusqu'aux chambres de bonnes sous les toits. Suite à l'apparition en 1870 de l'ascenseur, les choses ont bien changées avec des personnes aisées à la recherche de luminosité dans les étages élevés.
Adapté au mode de vie de l'époque, la répartition des pièces est souvent moins bien adaptée à notre mode de vie actuel. La cuisine était séparée du séjour alors qu'aujourd'hui, la cuisine US permet de gagner en superficie pour créer une chambre de plus et donner une impression de volume sur la pièce de vie. La pièce de vie était constituée d'un double séjour. Aujourd'hui, ce double séjour est souvent transformé en une chambre et un séjour. Il n'est donc plus rare aujourd'hui que ces appartements soient transformés afin de répondre aux exigences actuelles.
Aujourd'hui, très prisé pour leur cachet (parquet point de Hongrie, cheminées, moulures, boiseries) leur prix est souvent plus élevé que les immeubles des années 70, souvent mieux agencés et adaptés au mode de vie d'aujourd'hui, mais n'offrant pas le standing de l'Haussmannien.
Côté rue
Côté cour
Les ascenseurs dans les immeubles Haussmanniens
Bien que le premier ascenseur ait été créé à la fin du 19ème siècle, il ne s’est réellement démocratisé qu’à partir des années 70. Avant cette période, un ascenseur dans les immeubles Haussmanniens était rare, voire inexistant. Cependant, l’invention a littéralement changé la donne dans ce type d’immeubles. Alors qu’à leur construction à la fin XIXème, les étages inférieurs, et notamment le deuxième étage, étaient réservés aux classes les plus fortunées (d’où la hauteur sous plafond plus élevée au 2ème qu’au 5ème étage), l’arrivée de l’ascenseur a bouleversé la répartition des classes sociales au sein de ces immeubles. Les étages les plus élevés sont devenus alors les étages les plus chers, les premiers étages devenant par conséquent plus accessibles et davantage prisés des personnes aux moyens plus modestes (toutes proportions gardées au regard des prix de l’immobilier à Paris !). Aujourd’hui encore, bon nombre d’immeubles n’en disposent pas et les différences de prix s’en ressentent. La généralisation de l'intérêt du télétravail a un impact similaire sur l'immobilier à Paris.
Les chambres de bonnes dans les immeubles Haussmanniens
La fin de l’emploi des « bonnes à tout faire » a également révolutionné l’agencement recherché par des acquéreurs d’immeubles parisiens de type Haussmannien.
Lors de la construction de ces immeubles, il était fréquent que les familles parisiennes emploient du personnel de maison pour s’occuper de l’entretien, des courses et surtout de la cuisine. Ces domestiques étaient logés et nourris, étant par conséquent à l’entière disposition de leur employeur. Ils disposaient d’une chambre sous les toits de l’immeuble (les fameuses chambres de bonnes). La cuisine des appartements des employeurs était généralement à l’opposé des pièces de réception pour permettre aux bonnes de servir leur employeur sans l’incommoder par les bruits et les odeurs de cuisine. Une fois le service terminé, les bonnes pouvaient regagner leur chambre par un escalier de service distinct de l’escalier principal. Pour des raisons de coût et d’éthique, le métier de bonne a peu à peu disparu. Les propriétaires d’appartements parisiens cuisinent à présent par eux-mêmes et privilégient la proximité avec des invités qu’ils reçoivent à dîner. L’arrivée de la cuisine US a rendu l’agencement du début du siècle obsolète et inadapté au mode de vie actuel. Aussi, ce qui hier était considéré comme un atout, à savoir, un appartement disposant d’une cuisine à l’opposé du séjour, est à présent considéré comme un défaut.