1) Assurez-vous de l’existence légale de votre espace extérieur
La première des choses à vérifier avant de faire l’acquisition d’un bien disposant d’un espace extérieur est de valider son existence légale. En effet, il n’est pas rare que des propriétaires peu scrupuleux créent des espaces extérieurs sans aucune autorisation soit de la copropriété, soit de la mairie. Ainsi, certains propriétaires construisent des vérandas, par exemple sur leur toit terrasse ou dans un jardin, sans en avoir fait la demande ce qui les met en infraction. En effet, construire une véranda sans avoir obtenu les autorisations nécessaires peut constituer une infraction aux règles d'urbanisme. En France, toute modification de l’aspect extérieur d’un bâtiment, comme l'ajout d'une véranda, nécessite généralement une déclaration préalable de travaux ou, selon les cas, un permis de construire. Si un propriétaire procède à une construction sans ces autorisations, il s'expose à des sanctions telles que des amendes, l'obligation de régulariser la situation, voire de démolir la structure non autorisée. Il est donc essentiel de se renseigner auprès de la mairie avant de faire une offre sur ce type de bien.
De la même manière, il est fréquent que des vendeurs annexent des espaces extérieurs pour les transformer en terrasse sans aucun accord, notamment dans le cadre d'une copropriété. Dans ces conditions, avant d'acheter un bien doté d'un espace extérieur et de potentiellement le payer au prix fort, assurez-vous auprès du vendeur que son usage est autorisé et dans quelles conditions. Ces informations sont souvent spécifiées dans le règlement de copropriété, surtout pour les espaces extérieurs situés dans un immeuble.
Dans le cadre de nos chasses immobilières, nous avons déjà rencontré des vendeurs présentant des espaces extérieurs comme faisant partie de la vente d'un appartement, alors qu'aucun accord n'avait été obtenu lors de l'Assemblée Générale de Copropriété pour l’utiliser de façon privative.
Il est également crucial de vérifier si cet espace est grevé d'une servitude. Dans certains cas, vous pourriez être obligé de permettre l'accès à votre espace extérieur, ce qui limite son usage. Nous pouvons ici prendre l’exemple d’un toit terrasse avec des tuyaux d’aération auquel il faudrait accéder pour en assurer l’entretien.
Notre conseil : Avant de soumettre une offre d'achat, enquêtez sur la validité juridique de cet espace extérieur et sur vos droits d'utilisation. Selon les réponses obtenues, cela pourrait influencer à la baisse sa valeur potentielle. De même, si vous êtes vendeur, préparez et fournissez tous les documents nécessaires pour informer clairement vos acheteurs potentiels sur l’existence juridique de votre espace extérieur. Cela vous permettra de respecter vos obligations d'information envers l'acheteur et de prévenir toute contestation ultérieure.
2) Évaluez correctement le prix de votre espace extérieur
Tous les vendeurs sont convaincus que leur bien, pourvu d’un espace extérieur, se vendra à un prix nettement supérieur au marché. C’est en partie vrai puisqu’un bien avec un espace extérieur est très recherché sur le marché et augmente ainsi mécaniquement le nombre potentiel d’acquéreurs pour ce bien.
Mais malgré cet atout indéniable, il est crucial de ne pas perdre de vue que surévaluer un bien, quelle que soit sa nature (avec ou sans espace extérieur), ne garantit pas de le vendre à un prix supérieur à ce que les acheteurs seraient prêts à payer. Dans le cas contraire, vous risqueriez de prolonger sa mise en vente pendant des mois et de devoir le céder à un prix inférieur à sa valeur réelle, surtout en période de marché à la baisse.
De même, un acquéreur potentiel, attiré par un bien avec espace extérieur, doit éviter de le surestimer sous prétexte de cette caractéristique. Ainsi, la valorisation d’un bien avec espace extérieur est cruciale mais également plus complexe qu’il n’y paraît.
Pour évaluer un espace extérieur, il ne suffit pas de multiplier sa surface par le prix au mètre carré local. Une terrasse, par exemple, ne se valorise pas de la même manière qu’un balcon ou un jardin, chacun ayant ses propres spécificités de calcul.
Traditionnellement, une surface extérieure est pondérée à 33% en fonction de ses caractéristiques et ajoutée à la surface totale du bien pour établir le prix total du bien. Cependant, cette pondération peut être inférieure ou supérieure à ces pondérations en fonction de leur caractère exceptionnel. Voici trois exemples illustratifs :
1) Estimation du prix d’une terrasse :
Un bien dispose d’une terrasse de 10m² au dernier étage d’un immeuble exposé plein sud avec une vue imprenable sur la Tour Eiffel. Sa pondération pourra atteindre jusqu’à 50%, soit une surface pondérée de 5m². En revanche, un patio dans le même immeuble mais situé dans un puits de lumière au rez-de-chaussée, sans vue, pourrait n’être pondéré qu’à 20%, soit 2m². Si le prix au m² est de 13 000€ dans le secteur du bien, la valeur de la première terrasse sera estimée à 65 000€, tandis que la seconde ne sera que de 26 000€. Cet exemple montre l’impact significatif de la pondération sur l’estimation d’un bien avec espace extérieur.
2) Estimation du prix d’un jardin :
La valeur d’un jardin dépend de nombreux facteurs : orientation, ombrage, vue, bruit environnant, risques de nuisance pour les voisins, …. Un jardin paysager avec des essences rares ne sera pas valorisé de la même manière qu’un jardin négligé. Enfin, le prix d’un jardin dépendra surtout du prix du terrain dans le secteur et pas forcément du prix au mètre carré d’une maison dans le même secteur.
3) Estimation d’un espace extérieur atypique :
Le prix d’un espace extérieur peut aussi varier en fonction de la taille de l’appartement ou de la maison auquel il est rattaché. Prenons l’exemple d’un studio de 20m² avec une terrasse de 30m² au dernier étage. Même en étant au dernier étage, il serait incohérent de pondérer cette surface extérieure de 33% car son impact serait nettement trop fort sur le prix du bien.
Comme ces exemples l’illustrent, estimer la valeur d’un espace extérieur est complexe. Chaque type d’espace a ses spécificités et donc sa propre valeur. Seul un professionnel de l’immobilier doté d’une connaissance approfondie du marché local et des caractéristiques spécifiques de votre espace extérieur, peut en fournir une évaluation précise.
Il est essentiel de souligner que toute erreur dans l’évaluation peut avoir un impact significatif sur la vente ou l’achat d’un bien immobilier.
Notre conseil : Si le bien que vous envisagez d’acheter ou de vendre possède un espace extérieur, nous vous recommandons vivement de consulter un professionnel de l’immobilier spécialisé dans les biens avec espace extérieur. Bien que les outils d’estimation en ligne rapides puissent sembler attrayants, seul un chasseur immobilier défendant les intérêts de l’acheteur pourra fournir une évaluation objective du bien, vous permettant ainsi de l’acquérir au meilleur prix possible.
3) Vérifiez la qualité architecturale de votre espace extérieur
Il est essentiel de vérifier la qualité architecturale d’un espace extérieur avant de l’acheter. Par exemple, si vous envisagez l’achat d’une maison avec une terrasse extérieure, interrogez le propriétaire sur le type de fondation utilisé pour sa construction : plots en plastique, chape de béton, lit de sable, etc. De plus, renseignez-vous sur l’ancienneté de la terrasse. Une construction récente pourrait voir ses fondations se déplacer dans les mois à venir, alors qu’une terrasse en place depuis plusieurs années aura plus de chances d’être stable les années suivantes. Si sa construction est récente, n’oubliez pas de demander la facture de l’entrepreneur l’ayant réalisée pour profiter de la garantie décennale.
Il est également important de vérifier les diagnostics de conformité du réseau d’assainissement. L’objectif est que les eaux pluviales ne se déversent pas au pied de votre maison et ainsi créent de l’humidité et détériorent potentiellement votre terrasse.
Il est également important de vérifier le système de drainage de la terrasse et où les eaux de pluie sont évacuées. Si elles s’écoulent près de la maison, inspectez la cave à la recherche de signes d’humidité. Un autre point crucial est le type de matériaux utilisé pour sa construction : pour une dalle de béton, assurez-vous qu’il y a des joints de dilatation pour prévenir les fissures, et pour les planches de bois, renseignez-vous sur leur entretien (lasure, huile, saturateur, etc.). Pour un jardin, vérifiez qu’il n’est pas situé dans une zone sujette aux inondations. La bonne nouvelle est que pour la vente d’une maison, il y a désormais un diagnostic obligatoire sur les évacuations d’eau. Les évacuations d’eau ne peuvent plus s’évacuer dans le jardin. C’est interdit ! Il faut que la maison soit obligatoirement raccordée au système d’évacuation des eaux pluviales. Si ce n’est pas le cas, des travaux devront être engagés.
Notre conseil : Avant d’acheter un bien avec un espace extérieur, il est recommandé de vous faire accompagner par un architecte pour évaluer correctement la qualité de cet espace.